Marcel Thiry, passeur de frontières : les intervenants
Françoise Lempereur, initialement diplômée en Philologie romane (ULg, 1971), a soutenu une thèse de doctorat en Information et Communication sur la Transmission du Patrimoine culturel immatériel, matière qu'elle enseigne comme Maître de conférences dans notre université
Journaliste professionnelle, elle fut, de janvier 1974 à mars 2005, responsable de rubrique et journaliste-productrice à la RTBF. Parallèlement, elle a développé des compétences en matière d’ethnologie européenne. Elle a été officiellement reconnue internationalement comme experte en patrimoine culturel immatériel (PCI) lors d’une mission belge auprès de l’UNESCO en 2008.
Elle est l’auteure de plus d’une centaine d’ouvrages et d’articles scientifiques et de vulgarisation, essentiellement sur le patrimoine culturel, les arts et traditions populaires, l’histoire et le tourisme.
Soldats belges dans l’armée du Tsar
2160 photos d’époque, prises par les acteurs tout autour du monde, ont été numérisées et inventoriées. Plus de 300 d’entre elles, restaurées et recadrées, font partie intégrante du documentaire. S’y ajoutent des images d’époque, filmées par les services cinématographiques des armées belge, allemande et américaine.
Commentées par des textes de Marcel Thiry (textes réels ou réécrits) et contextualisées, elles racontent non seulement les événements historiques auxquels ont pris part les Autos-Canons-Mitrailleuses (front de l’Yser, Révolution russe, guerre civile en Ukraine, enrôlement de jeunes recrues suite à l’entrée en guerre des USA, etc.) mais aussi les conditions de vie, souvent difficiles, qu’ils ont traversées, leurs états d’esprit, leur complicité avec les Cosaques, leurs rapports parfois difficiles avec les Juifs, les Ruthènes ou les Autrichiens, leurs découvertes du luxe des palais du Tsar près de Saint-Pétersbourg, des plaines marécageuses de Galicie, du charme de Moscou, du froid de Sibérie, de la promiscuité chinoise, de l’étendue infinie de l’Océan Pacifique (Toi qui pâlis au nom de Vancouver…), de l’enthousiasme américain, des rodéos à Cheyenne, des abattoirs d’Omaha, des chutes du Niagara et…de la tendresse des jeunes filles de la richissime famille Vanderbilt de New York.
Gérald Purnelle est professeur à l’Université de Liège, avec pour domaines de recherche l’étude des formes poétiques et la poésie francophone de Belgique. Il enseigne ces disciplines, ainsi que l’orthotypographie. Éditeur de l’œuvre de Jacques Izoard et de François Jacqmin, il dirige en outre la collection patrimoniale « Ha ! » au Taillis Pré, consacrée à la redécouverte des poètes belges du passé. Il a édité et présenté Alcools et Calligrammes d’Apollinaire dans la collection Garnier-Flammarion. Il a publié un recueil de lectures poétiques intitulé L’Eau souterraine, ainsi que l’anthologie Une poésie de vingt ans, Anthologie de la poésie en Belgique francophone (2000-2020).
Il est membre du comité de la collection Espace Nord, pour laquelle il est l’auteur de cinq postfaces. Il est aussi membre du comité du Journal des poètes, où il tient la chronique « En remontant l’histoire ». Il assure une chronique de poésie dans La Revue générale.
L'exposé :
« Marcel Thiry parmi les poètes belges de langue française des années 1920 et 1930. »
Au lendemain de la Grande Guerre émerge une génération d’écrivains remarquables parmi lesquels se détachent les noms de Charles Plisnier, Henri Michaux, Robert Vivier, Georges Mogin (plus connu sous son nom de plume : Norge) mais aussi les surréalistes Paul Nougé, Achille Chavée ou Fernand Dumont.
Quelle place occupait Marcel Thiry dans cette galaxie ?
Si la voix du poète de Toi qui pâlis au nom de Vancouver, Plongeantes Proues et L'Enfant prodigue est encore nourrie de Symbolisme, elle possède déjà une musique personnelle et des accents modernistes qui s'épanouiront en 1934 dans Statue de la fatigue.
Catherine Lanneau est docteur en Histoire et titulaire d'un DEA en Relations internationales et Intégration européenne. Professeure ordinaire à l'Université de Liège et secrétaire du groupe de contact du F.R.S.-FNRS « Belgique et mondes contemporains », elle consacre ses principales recherches à l'histoire de Belgique, de Wallonie et des relations franco-belges aux XIXe et XXe siècles et, en particulier, à l'action dans les médias de groupes de pression ou de réflexion.
Elle a notamment publié L'inconnue française. La France et les Belges francophones 1944-1945 (P.I.E.-Peter Lang, 2008).
Membre du conseil scientifique de l'Ecole doctorale transfrontalière en sciences humaines LOGOS et de l'Ecole doctorale Humanités Nouvelles / Fernand Braudel de l'Université de Lorraine, elle est, en outre, vice-présidente de l'Alliance française de Liège et membre du comité scientifique de la Revue Générale, des Cahiers Mémoire et Politique et de la Revue du Nord.
L'exposé :
« Marcel Thiry, militant wallon et francophile. »
Homme aux multiples vies, Marcel Thiry (1897-1977) eut notamment un parcours politique, comme commentateur puis comme acteur et comme élu. Cette facette de son engagement est éminemment dictée par son amour de la Wallonie mais aussi par sa passion de la France. Fédéraliste wallon dès la fin des années 1940, il cosigne en 1976 La Lettre au roi pour un vrai fédéralisme. Mais il était également un vibrant défenseur de la langue et de la culture françaises.
En 1921, inspiré par Albert du Bois, chantre du réunionisme, il publie Voir grand. Quelques idées sur l’alliance française puis, dans les années trente, écrit dans La Défense Wallonne et L’Action Wallonne de son ami Georges Thone. Après la Libération, il poursuit son œuvre d’écrivain et son combat wallon, couronné par son élection comme sénateur du Rassemblement Wallon à Liège de 1968 à 1974.
C’est ce parcours militant que l'oratrice se propose d’évoquer, sans oublier d’interroger son combat anti-neutraliste et son rapport au gaullisme.
Pierre Halen est né en 1956. Professeur dans l'enseignement secondaire, puis assistant à l’Université catholique de Louvain, ensuite chercheur et enseignant invité à l’Université de Bayreuth, puis à l'Université d'Anvers. A partir de 1997, professeur de littérature générale et comparée à l'Université de Lorraine, site de Metz, où il a dirigé le département de lettres modernes, puis le laboratoire « Écritures ». Emérite depuis 2022. Directeur de la revue Études littéraires africaines, membre titulaire de l’Académie Royale des Sciences d’Outre-Mer, membre de l’Académie Nationale de Metz, docteur honoris causa de l'Université de Kinshasa.
L'exposé :
« Paulo maiora canamus : un adage antique pour la modernité poétique dans l’entre-deux-guerres (à partir de la correspondance de Marcel Thiry avec Paul Dresse). »
La correspondance échangée avec Paul Dresse pendant plus de cinquante ans ne témoigne pas que d'une amitié fidèle entre deux poètes liégeois : dans ses moments les plus intéressants, elle est le terrain d'une double dispute politique et littéraire, et pas toujours à fleurets mouchetés. Ces discussions, qui sont autant d'occasions pour Marcel Thiry de préciser sa poétique personnelle, portent notamment sur un adage latin repris à Virgile : paulo maiora canamus. Contrairement à Dresse, Thiry entend se dégager de la "grandeur" parnassienne, aussi bien dans les formes métriques que dans les référents et ce qu'on peut appeler rapidement la thématique. Après avoir présenté synthétiquement cette correspondance, la communication s'attachera aux positions de Marcel Thiry dans ce débat et s'interrogera à propos du rapport entre ces questions poétiques et les dissensions politiques des deux correspondants.
Marc Quaghebeur (Tournai,1947-). Docteur en philosophie et lettres de l’UCL (thèse : L’Oeuvre nommée Arthur Rimbaud, 1975). Directeur honoraire des Archives & Musée de la Littérature qu’il dirigea de 1979 à 2018. Président de l’Association européenne d’études francophones. Poète et romancier, critique et essayiste. Médaille du Sénat de l’université Adam Mickiewicz. Officier de l’ordre des Palmes académiques. Docteur honoris causa de l’université Janus Pannonius. Ses travaux scientifiques portent sur les rapports entre Esthétique et Histoire- et ce, dans le cadre des littératures francophones. Trois tomes de son grand Œuvre Histoire Forme et Sens en Littérature ont vu le jour en 2015, 2017 et 2022 – les deux premiers ayant été couronnés par l’Académie royale de langue et de littérature françaises. Il a publié des nouvelles Belgiques en 2022 et, en 2012, un roman, Les Grands Masques. Sa poésie privilégie le bref. Il est l’auteur de Le Cycle de la morte, Les Aires des vieillards., L’Effroi l’Errance, Clairs obscurs et Labiales. Il a reçu les prix Lucian Blaga et Poezie al Librex 2023 pour son œuvre poétique.
L'exposé :
« Voie-Lactée ou la métamorphose et l’intériorisation de la guerre. »
L’expérience singulière de la guerre, que Marcel Thiry a vécue sur le front russe, expérience qui l’amena par la suite à devoir traverser la Sibérie pour regagner l’Europe via l’Amérique du Nord, a non seulement donné lieu au récit des autocanons et à l’immortel Toi qui pâlis au nom de Vancouver du soldat devenu pérégrin. Elle se retrouve dans d’autres textes et n’est pas étrangère à l’émergence de son œuvre en prose et au fantastique réel qu’il y déploie, l’expérience de la guerre étant par excellence celle de l’irruption de l’étrange et d’un autre rapport au temps. Pendant subtil du poème auquel le nom de Thiry est désormais lié, le roman Voie-Lactée procède directement de ces vécus de la première guerre mondiale et de leur métamorphose, onirique et réelle à la fois. Là, comme dans le roman homonyme, la nostalgie se fait « échec au temps » et produit un futur / présent / passé peu commun qui constitue aussi une effectuation rare de la mémoire.